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Son parcours

Quel a été ton parcours après Saint-Etienne ?

Je voulais vraiment quitter la France après Saint-Etienne. Alors, je me suis retrouvé en Irlande, dans un club de Ligue 2 de Dublin pour quelques mois.
Après je me suis retrouvé à Come en Italie en Série B durant 4 mois. Puis, je suis arrivé en Suisse, ensuite je suis parti tenté l'aventure au Portugal à Paços de Ferreira qui était alors en Ligue 2.
A part des magasins de meubles, il n'y a pas grand chose là-bas (rires). Donc je suis revenu en Suisse.  J'ai eu des propositions pour aller jouer en Martinique, en Chine. La Martinique, cela ne me tentait pas trop, mais la Chine nettement plus. Il m'ont alors expliqué leur mode de fonctionnement : tu pars en camp d'entraînement à 6h du matin, tu rentres à 8h00 du soir .. T'es pas vraiment libre de tes mouvements. Et il y a aussi la barrière de la langue.
Du coup, je n'ai pas donné suite et j'ai donc signé à Meyrin, club de la banlieue de Genève en 1ère Ligue. J'ai fait 6 mois à Meyrin. Puis je suis parti à Nyon. J'ai pratiquement joué dans tous les clubs qui comptent dans la région. Quand je jouais à Meyrin, il y a eu des articles dans les journaux locaux "Un ange Vert arrive". Après j'ai fait 4 mois à Nyon. J'ai joué ensuite à Bernex, UGS, le Racing.

Tu as joué aussi à l'Etoile-Carouge ?

Non, pas Carouge. Mais à l'époque où je jouais à Saint-Etienne, le club devait m'y prêter. Cela ne s'est pas fait pour une histoire d'argent. Garonnaire voulait 200 000 FS pour mon transfert. Et j'ai été mis au courant de ce montant un peu plus tard, mais pas par le club.

Son histoire à Saint-Etienne

Tu as joué des rencontres en équipe de France chez les jeunes.

Oui, j'ai fait le championnat d'Europe des moins de 17 ans, 14 sélections et 14 buts entre les moins de 15 et moins de 18 ans. Personnellement, le football m'a permis de sortir de mon quartier défavorisé de Sainté, entre la Marandinière et la Métare où tous mes potes n'étaient pas des tendres..

Tu a beaucoup joué en réserve. Tu as joué plus de 100 matchs et souvent marqué. De quelle manière as-tu été intégré à l'équipe première ?

Mon premier match en pro en D1 c'était fin 1993 pour le dernier match de la saison contre le Paris SG des Weah, Ginola et Denisot. Après, j'ai intégré plus fréquemment l'équipe première. Je ne jouais pas trop souvent et le lendemain je jouais avec la réserve. Mais j'ai tout de même une quarantaine d'apparitions en pro en comptant les matchs de Championnat, ceux de Coupe de France et Coupe de la Ligue. Au début, c'était 5 minutes, puis 10, puis 15. Après, j'ai pas mal planté en D3 avec Baup comme entraîneur où on marchait très bien.

Après Baup est passé entraîneur de l'équipe première.

Tout à fait. Après, je suis titulaire à Monaco et je me blesse au genou et je me brise les ligaments croisés. Et là, tu t'aperçois que dans ce milieu, il n'y a pas de c?ur, y'a rien. Finalement, Baup qui m'a supplié de jouer en D3 avec 40° de fièvre parce qu'il avait besoin de moi, quand il est arrivé en D1 m'a laissé choir. Après, ce sont des choix politiques avec les présidents, avec Larièpe.
C'est comme ça que Sagnol a éclaté d'ailleurs. Très grand joueur Sagnol, même à l'époque. Il devait être viré du centre de formation, mais il a été récupéré au dernier moment.  Larièpe avait la main mise sur les jeunes joueurs à l'époque. C'est là où je me suis aperçu que c'est une sorte de coup monté contre moi.

Peux-tu nous expliquer davantage cette histoire de "presque coup monté" ?

Saint-Etienne, j'y suis né, j'ai tout donné pour ce club. Je suis l'un des joueurs qui a passé le plus de temps dans ce club. J'y suis rentré à l'âge de 10 ans et on m'a mis dehors à 26. Ni Sébastien Pérez, ni Dominique Aulanier ont duré pluss que moi. J'ai donné 16 ans de ma vie à Saint-Etienne pour me voir finir en procès. Il parait que je n'avais pas respecté les règles du contrat, ils m'ont mis à l'écart, il a fallu faire intervenir les huissiers. Tu attends un minimum de reconnaissance quand tu passes autant de temps dans un club. Mais là, c'était tellement la catastrophe avec changement de président, d'entraîneur tous les 6 mois.
Après quand Baup est parti, il y a eu Bathenay avec Larièpe, Mankowski, Santini.

Cela s'est bien passé avec ces entraineurs ?

Mankowski ne m'a jamais fait joué, sauf les derniers matchs de championnat, parce que on lui avait rapporté que j'étais, parait-il, un joueur à problèmes, un jouer "à merde". Donc il ne me faisait pas jouer à cause de ça.

Tu n'as pas fait intervenir les journalistes pour dénoncer ces choses ?

Non, mais avec le recul, j'aurai du le faire. J'ai laissé couler.

Pourquoi certains sortent des centres de formation et d'autres restent à quai ?

Dans un centre de formation, quand il y a un joueur qui a de la qualité, faut le faire jouer. Les premières fois il va être un peu timoré sur le terrain, mais après il va s'aguerrir. Tu prends un gars comme Sébastien Pérez qui n'était pas terrible en tant que jeune mais qui a beaucoup progressé à force de jouer.

Pourquoi tu n'as pas eu ta chance alors ?

Moi pour que je joue, il aurait fallu que Titi Camara se blesse, que Wolfarth se blesse, voire même Moravcik. Ils attendaient que toute l'équipe se blesse pour que je puisse jouer. Par moment, j'étais titulaire sur la feuille de match et au dernier moment on m'enlevait. Je n'ai jamais su pourquoi. J'ai du respect pour Jacques Santini, mais on peut pas dire à l'époque que l'on jouait offensif. C'est plutôt défensif comme type de jeu. Il faisait jouer Piotr Swierszewski comme attaquant alors qu'il est milieu défensif. En tant que joueur, tu ne peux pas faire grand chose.

Ses rapports avec Elie Baup

Laurent Blanc à l'époque quand je jouais avec lui est intervenu auprès de Baup pour que je joue. Mais Baup demandait aux joueurs de me casser la jambe à l'entraînement !! Alors que je revenais de blessure ! Après il y a eu plein de choses de ce genre là, mais personne, de l'encadrement au comité, n'est intervenu. Ce ne sont pas des paroles d'entraîneur et cela n'a pas à exister.

Baup m'a fait venir une fois durant 1 heure dans son bureau avec Larièpe après mon accident où je n'étais même pas sur de pouvoir rejouer. Ils te dénigrent, ils t'insultent.. tu ne comprends pas .. J'ai connu 2 facettes d'Elie Baup, celle avec la réserve, puis celle avec les pros. Quand il était avec la réserve, il était humain, joyeux, il participait avec les joueurs. On avait une superbe volée avec Coupet, Cuervo, Harchèche notamment. Et quand il a pris la D1, il a complètement changé. Soit on lui a imposé des trucs qu'il ne voulait pas, soit ..
Je peux le regarder droit dans les yeux, il est mal, il est très mal. Il sait ce qu'il a fait avec moi. Après, son parcours, à part demander de l'argent à Sainté, et même à Nantes .. Il peut dire merci à Feindouno pour le titre de Champion avec Bordeaux. La cohésion qu'il avait avec l'équipe réserve n'a rien à voir avec celle de l'équipe des pros. Il aurait pu se servir de cette base en pro, mais il ne l'a pas fait. Il a pris l'équipe simplement parce qu'il avait des résultats avec l'équipe réserve.

Ses relations avec Saint-Etienne

Malgré ceci, tu as voulu y retourner à Saint-Etienne pour aller voir un match ?

J'ai essayé d'y aller. Je m'y suis vu fermer la porte. Un jour, je suis allé à l'entraînement, des supporters m'ont reconnu, cela fait plaisir bien entendu. J'y suis allé la saison dernière voir quelques matchs, mais je n'ai pas accès aux tribunes officielles. C'est une honte pour un mec qui a donné 16 ans de sa vie à ce club. Romeyer, qui m'a connu quand j'étais au club, pourrait faire des choses dans ce sens. Que ce soit pour moi ou un autre d'ailleurs.

On a l'impression que c'est assez délicat de parler des Anciens Verts à Saint-Etienne

Je trouve que c'est regrettable. Saint-Etienne, c'est le club de ma vie, c'est le club de mon c?ur. A Saint-Etienne, il y a pourtant des vertus, du c?ur. Mais avec le pognon, ça a changé ici. Il y a que Loïc Perrin qui dure maintenant à Saint-Etienne autant que moi. Mais il prendra aussi son envol car il a besoin de voir autre chose

Son avenir

Et maintenant après avoir joué dans les club de Genève, que veux-tu faire ?

Après j'ai entraîné le Racing, AS Azurri et maintenant je suis à Regina, chose que je ne voulais pas faire du tout quand j'étais joueur.

 Ici en Suisse, pays de l'UEFA, ils sont plus regardants sur les diplômes. Il n'y a pas de passe-droit. Tu dois commencer par la base. Donc avec les enfants. Tu reçois une attestation après plusieurs jours passés avec eux. Ensuite, les choses sérieuses commencent. Il y a le diplôme C. En France, cela doit correspondre au DEF. Donc j'ai passé mon diplôme C en décembre dernier à Tenero avec des pros suisses (Wicki, Cabanas). Ces jours-ci, sur 3 jours, j'ai passé le C+, pour améliorer et je voudrais passer le B en juin prochain.
Mon objectif est de pouvoir entraîner au minimum en 1ère Ligue ou 2ème Ligue Inter (équivalent du National et CFA).

En dehors du football, tu travailles à l'hôpital de Genève. Comment y as-tu arrivé ?

Concours de circonstances. Même si j'étais payé avec le football, je voulais avoir quelque chose de fixe. Et donc je suis rentré à l'hôpital et je m'occupe du transport des patients. Mais si je passe mes diplômes, c'est aussi pour retourner dans le football, dans un centre de formation ou bien avec les structures qu'il y a ici et monter quelque chose. A Genève ou à Lausanne. voire même à l'étranger.

J'ai donc des objectifs précis en tête. J'ai fait une modeste carrière de joueur, mais tous les entraîneurs n'ont pas tous fait une grande carrière de joueur.

Entraîner à Saint-Etienne, cela te dirais ?

Oh que oui ! cela serait un des mes rêves ! Qu'ils l'entendent (rires) ! Ils ont l'habitude de prendre des anciens Verts. Alors qu'ils en prennent un qu'ils ont jeté il y a près de 15 ans (rires).

Le Saint-Etienne actuel

Ton avis sur le Saint-Etienne actuel ?

Deux présidents, cela fait beaucoup à Saint-Etienne. Je ne veux pas donner mon avis. Ils veulent faire des choses, des grandes choses, mais on a du mal à lire la ligne de conduite. Quand je vois Gérard Fernandez chargé du recrutement .. Je ne peux pas parler de gens comme ça. Quand il entraînait en DH, il insultait ses joueurs.. Il a bien été aidé par des Larièpe notamment, mais tant qu'il y aura des gens comme ça au club, je n'aurai pas une belle opinion. Quant aux joueurs, je ne ne les connais plus trop. J'aimerais bien connaître l'ambiance dans les vestiaires. Mais je n'ai pas l'impression qu'il y ait une osmose comme celle que j'ai connu. Ils portent un maillot Vert comme ils pourraient porter un maillot bleu ou rouge ou n'importe quoi. Ils ont leur salaire ..Quand tu vois un mec comme Gomis ...
Parler de Saint-Etienne dans ce sens là, cela me fait mal parce qu'il n'y a plus aucune valeur du maillot. J'ai un maillot à mon effigie, j'en suis fier ! Cela fait partie du boulot du staff technique de ramener ces valeurs. Gomis, il marche bien en ce moment à Lyon. Mais on l'a peut être laisser trop faire à Saint-Etienne sans le surveiller.

André Laurent savait ce que représentait Saint-Etienne. Ca, c'était un président. Il y a eu des choses. Soit. Mais il savait ce qu'étaient les valeurs de Saint-Etienne. Les autres, après lui, n'avaient pas la même carrure que lui.