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Alexandre Barthe : "J'ai des propositions hors de Bulgarie"
Alexandre Barthe
Interview d'Alexandre Barthe par le magazine SoFoot ce mois
Depuis 2011, tu évolues au Ludogorets Razgrad, club avec lequel tu viens de
remporter ton quatrième titre de champion d'affilée. On imagine forcément
que tu es un footballeur épanoui…
Ça, c'est sûr (rires). C'est ma septième saison en Bulgarie. J'ai
remporté six fois consécutivement le championnat, trois coupes et trois
Supercoupes. Ça fait douze titres en sept ans… Il n'y a que la première
année où je suis arrivé que je n'ai rien gagné. Donc en ce qui concerne le
palmarès, il n'y a aucun souci.
Comment juges-tu l'exercice 2014/2015 àtitre personnel ?
À titre personnel, je ne suis satisfait que de ma deuxième partie de saison.
Lors de la première partie, j'ai eu une blessure deux jours avant le match
de Ligue des champions contre Liverpool qui m'a empêché de jouer. J'ai mis
du temps avant d'être rétabli. J'ai voulu me remettre vite, mais je me suis
blessé de nouveau derrière… Ça a donc traîné un peu. Depuis janvier et mon
retour de vacances, j'ai retrouvé ma place et fait de bons matchs jusqu'ÃÂ
présent. Je suis surtout content d'être revenu àmon meilleur niveau et de
finir en beauté par ce titre de champion.
Ça ne te gêne pas de jouer dans une équipe dont le nom signifie les fous (« ludo »)
de la forêt (« gorets ») ?
C'est vrai que c'est assez surprenant, mais bon… (rires). Quand on le
traduit, ça surprend. C'est comme ça, je n'ai pas choisi le nom, hein. On
s'y fait vite. J'ai appris rapidement le bulgare. Dès la première année, je
savais parler avec les gens normalement. Je me suis vite adapté, d'autant
que ma femme est bulgare et que j'ai eu une fille avec elle il y a onze
mois. Avec ma femme, j'ai eu cette chance de pouvoir me perfectionner au
quotidien.
Avant Ludogorets, tu avais fait le choix de partir en Bulgarie, àseulement
22 ans, pour le Litex Lovetch en 2008…
J'étais réticent, très réticent même àl'idée de venir en Bulgarie. C'est
simple, j'étais àpeine venu que j'étais déjàreparti (rires). J'ai
dit àmon agent de l'époque que je n'avais pas envie de rester. J'ai donc
repris l'avion pour faire demi-tour et rentrer dans ma famille. Au bout de
trois années avec Litex, j'aurais d'ailleurs pu signer pour Boulogne.
J'étais parti sur place pour discuter des conditions et là-bas, le président
de Ludogorets m'a appelé. Il m'a dit de prendre un avion et de venir chez
lui le lendemain pour parler. Du coup, j'ai repris l'avion pour aller en
Bulgarie et on s'est entendu de suite avec le président. C'est comme ça qu'a
débuté l'aventure avec les « fous de la forêt »… (rires)
Comment s'est déroulée ton adaptation lors de ton arrivée ?
J'ai un tempérament qui fait que j'aime aller vers les autres et découvrir
de nouvelles choses. Je n'aime pas rester enfermé et j'ai cette envie
d'aller connaître une culture différente de la mienne. À mon arrivée àLitex
Lovetch, l'adaptation a été d'autant plus facile qu'on était cinq Français
dans l'effectif.
Ton intégration s'est donc tellement bien passée que tu as fait il y a
quelques mois une demande de passeport bulgare…
J'ai fait la demande cette année. Mais pour tout vous dire, je ne sais pas
du tout ce que je vais faire la saison prochaine. Donc la double nationalité
n'est pas du tout une priorité pour le moment. Je vais voir ce que je
souhaite faire la saison prochaine et, suivant cela, j'aviserai. Si je
change de pays, je garderai seulement mon passeport français. Pendant un
temps, je songeais àévoluer avec l'équipe nationale de Bulgarie. Mais j'ai
eu pas mal de problèmes avec les papiers. Il fallait que je les envoie, puis
les renvoyer de nouveau, etc. Il y avait de la paperasse et c'était un peu
compliqué.
On a beaucoup parlé de Ludogorets cette saison en raison de votre parcours
en phase de groupes de Ligue des champions avec cette victoire contre Bâle
(1-0, 22 octobre 2014) et le nul obtenu face àLiverpool (2-2, 26 novembre
2014). Ça doit représenter une immense fierté pour votre club, non ?
C'est une fierté pour le club, c'est certain. Mais, de mon côté, j'étais pas
mal frustré, car j'étais blessé àce moment-là. Quand on est footballeur, on
attend juste des matchs comme ça. Et deux jours avant la rencontre contre
Liverpool, je me blesse… Ça a été dur de devoir céder ma place. Lorsque j'ai
récupéré ma place, la Champions League était terminée.
Cela a permis d'offrir une belle vitrine au football bulgare, après la belle
épopée européenne en Ligue Europa lors de la saison 2013/2014…
C'était une belle aventure. Je me souviens qu'on avait éliminé la Lazio en
16es de finale. Ce parcours a mis en évidence les ambitions du président.
Chaque année, le président veut que l'équipe aille plus haut. Il a fait
refaire le stade, a développé une vraie structure pour le centre de
formation du club. Il a de grands projets et ça nous pousse àdonner le
meilleur de nous-mêmes afin de répondre àses attentes. Lors de ma deuxième
année ici, on a été éliminés de peu par le Dynamo Kiev. Le minimum attendu
pour la saison prochaine, c'est de figurer en Ligue des champions. On
m'appelle souvent pour me demander quel est niveau du championnat bulgare
par rapport àla Ligue 1. Les premières années, je ne pouvais pas trop
répondre, car on était en phase de développement. Mais, désormais, je peux
dire que notre équipe a largement le niveau pour jouer en L1. Notre parcours
sur la scène européenne le prouve d'ailleurs. C'est une belle vitrine pour
le football bulgare, bien que ce ne soit pas un championnat médiatisé en
France.
Tu habites àRazgrad, petite ville de 35 000 habitants connue pour sa
mosquée Ibrahim Pacha. Est-ce une ville où il fait bon vivre ?
Je ne suis pas entré àl'intérieur de la mosquée, mais elle est vraiment
très belle de l'extérieur. Razgrad n'est pas une grande ville, mais il fait
bon y vivre. Certes, le climat n'est pas tendre en décembre car il fait très
froid, mais l'été il fait très chaud. C'est une ville où il n'y a pas de
problème. Tout le monde vit pour Ludogorets maintenant. Toute la ville est ÃÂ
fond derrière nous. La vie n'est pas chère en plus. Avant de déménager,
j'avais une maison de 180 m2 avec un jardin et un terrain de foot que je
payais seulement 300 euros par mois. C'est vraiment beaucoup moins cher
qu'en France… Et ça m'a permis de voyager dans le pays et de découvrir de
nouveaux endroits. Comme on est à140 kilomètres de Bucarest, on a pu aller
en Roumanie. On a passé trois jours là-bas avec ma femme et mon fils.
En ce qui concerne l'ambiance, l'atmosphère dans les stades, qu'est-ce que
ça donne ?
Ça dépend. Quand on joue des clubs de Sofia (CSKA Sofia, Lokomotiv Sofia
et Slavia Sofia, ndlr), c'est très passionné. C'est très chaud àchaque
fois, surtout que nous sommes désormais l'équipe àbattre en Bulgarie. Tout
le monde nous attend au tournant. L'ambiance est donc multipliée par dix
maintenant dans les stades, notamment contres les formations qui disputent
le titre. On sent un gros décalage en termes d'atmosphère, d'infrastructures
et de public entre les équipes de haut et de bas de tableau. C'est
d'ailleurs pour cela qu'àla mi-saison, on fait un deuxième championnat. Ce
sont des play-offs où s'affrontent les six meilleures équipes.
Plus jeune, tu es passé par le centre de formation de Saint-Étienne. Est-ce
un échec personnel de ne pas avoir réussi àsigner pro chez les Verts ?
C'est un échec, mais entre guillemets pour moi. Si je n'étais pas làoù je
suis aujourd'hui, oui, ça aurait été un échec. Mais je me sens heureux et
épanoui dans ma vie professionnelle et personnelle. Je ne le prends pas pour
un échec, mais plutôt comme une épreuve, car c'est ce qui m'a construit et
permis de grandir par la suite aussi. Après Saint-Étienne, je suis retourné
au niveau amateur, àRodez. Là-bas, il y avait un esprit très famille.
C'était vraiment deux très belles années. Ça m'a permis de retrouver le goût
du football, chose que j'avais peut-être perdue lors de mes six derniers
mois chez les Verts. On m'avait fait croire que j'allais signer pro et au
dernier moment non… J'étais franchement dégoûté.
À vingt-neuf ans et après sept années passées en Bulgarie, comment
envisages-tu ton avenir ?
J'ai déjàquelques offres de clubs àl'étranger, en fait. On va dire que je
suis dans l'attente… Je suis en fin de contrat et ça fait sept saisons que
je suis en Bulgarie. Ça s'est très bien passé pour le moment. Ma priorité
est de trouver un club où je pourrai encore progresser et passer une
nouvelle étape. Tout en continuant d'être aussi heureux et épanoui dans ma
vie personnelle. Ce n'est pas un problème pour ma femme que je quitte la
Bulgarie. Si je suis amené àpartir, elle viendra avec moi.
Propos recueillis par Romain Duchâteau
Source : SoFoot
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